Flash Sécurité #4 – APM30 Niveau d’huile

Flash Sécurité #4 – APM30 Niveau d’huile

Niveau d’huile – moteur ROTAX

REX

Un pilote appelle le chef pilote en relatant que lors de la visite prévol, ils relèvent qu’il y a trop d’huile dans le réservoir. Mais que signifie trop ? un millimètre au-dessus du maxi ? dix millimètres ? 10 centimètres ? Il est bon de venir vérifier avant d’aller traverser les océans…

En effet, après avoir correctement mesuré le niveau d’huile, il s’avère qu’il y a presque 0,2 litre en trop. L’huile sera retirée du réservoir et l’avion pourra partir en vol.

180 ml d’huile en trop

ANALYSE

L’un des pilotes précédents relate avoir remis de l’huile. Au fil de la discussion, on arrive à la chronologie suivante :

  • il arrive à l’avion
  • il ouvre le bouchon du réservoir d’huile
  • il observe le niveau d’huile en prenant entre ses doigts la tige graduée
  • il rajoute une grosse quantité d’huile (plus de 0,4 litre)
  • il mesure à nouveau le niveau qu’il trouve correct.

Quelle erreur a-t-il commise ?

Malgré le suspense insoutenable que génère cette question, quelques explications s’imposent.

Le moteur ROTAX a un carter sec.

carter. Enveloppe généralement amovible, servant de protection étanche à un
ou plusieurs organes mécaniques en mouvement et, éventuellement, de réserve
d'huile et de support.

Cas du moteur Lycoming

le carter est la partie située juste au-dessus du carburateur (qui est tout en bas du moteur)
carter = oil sump

carter = oil sump

Revenons aux moteurs plus classiques. Dans un lycoming, comme il y avait sur les DR400 ou comme il y a sur le PA28, quelle que soit la puissance, il y a un récipient sous le moteur. C’est le carter. Ce carter est dit “mouillé”, non pas qu’il contienne de l’eau, ce qui serait fort inquiétant, mais de l’huile. Au repos (quelques minutes suffisent), toute l’huile redescend dans ce carter et une longue tige métallique permet de mesurer le niveau d’huile présente dans le moteur. On peut ainsi le vérifier ou en rajouter si nécessaire.

carter o-360

Sur un Lycoming O-360 (moteur du PA28), la consommation d’huile est classiquement de 0,1 à 0,2 litres d’huile par heure de vol. La jauge indique un minimum à 4 “quarts”. Ce sont des quarts de Gallon américain, symbole qt. 1 US GAL = 3,78 litres. Donc un “quart” (prononcer couahort en texan) vaut 0,945 litre, que nous arrondirons à 1 litre. Le maximum de la jauge indique 8 quarts. Il est recommandé de mettre entre 6 et 7 qt. En effet, avant un long voyage, mieux vaut s’assurer d’en avoir la quantité nécessaire. Pour quelques tours de piste, 5 qt suffiront sans problème.

J’entends au fond de la salle la remarque suivante : “oh, moi j’en mets toujours trop, ça ne peut pas nuire !

Et bien SI, CA PEUT NUIRE. En effet, trop d’huile est presque plus dangereux que pas assez. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit, il faut entre 4 et 8 qt dans le O-360 !

Pas assez d’huile peut entraîner un défaut de lubrification, et donc un échauffement des parties mobiles, et enfin un éventuel serrage du moteur. Il y a l’indicateur de pression d’huile qui peut donner une indication du défaut de lubrifiant, puis la température d’huile qui va augmenter => attention DANGER.

Trop d’huile sera moins visible. La pression d’huile risque d’être trop élevée, et cette surpression dans le moteur peut entraîner une fuite au niveau du joint spi, c’est à dire le joint qui entoure le vilebrequin là où il sort du moteur pour entraîner l’hélice. Cette fuite entraîne de grosses réparations. Sur un bateau on appellerait cela un presse-étoupe, mais je m’égare.

Et maintenant le cas du ROTAX

Sur les moteurs ROTAX, pour des question d’encombrement, et pour pouvoir caser ce moteur dans toutes sortes d’ULM, d’avions, de … on s’affranchit de ce carter qui contient de l’huile. Le carter y est donc “sec”. Mais où est donc contenue l’huile ? Elle se trouve dans un réservoir séparé, placé dans le cas de notre Lion sur le côté du moteur. Mais on peut le monter à plein d’endroits différents, selon la configuration du moteur.

Rotax – circuit d’huile

Ce réservoir étant plus haut que le moteur, l’huile ne va pas le remplir naturellement quand l’avion est au repos. Ce réservoir ne contiendra pas toute l’huile qu’il devrait. Et … si l’on mesure le niveau d’huile, on trouvera naturellement qu’il est trop bas, voire on ne mesurera rien du tout, tellement il est bas. C’est ce qui s’est passé.

Tout le monde se pose maintenant la question suivante : comment mesurer un niveau fiable ?

Quand le moteur tourne, l’huile circule en permanence entre les organes mobiles du moteur et ce réservoir. Pour la faire circuler, il y a une pompe à huile, qui est directement entraînée par le mouvement du moteur. Aucune action du pilote n’est requise. Cependant, à l’arrêt, quand on souhaite mesurer le niveau d’huile, il faut faire revenir l’huile du moteur vers ce réservoir.

Quand on mesure la quantité d’huile – de préférence quand le moteur ne tourne pas pour la sécurité de vos petits doigts… – la pompe à huile n’aidera pas. Il faut donc tourner le moteur à la main (dans le bon sens, c’est à dire inverse aux aiguilles de la montre quand on est face à l’hélice). Le fait de passer des compressions permettra grâce à l’air mis en pression de pousser l’huile vers la bâche à huile.

Pour ce faire, après avoir pris les mesures de sécurité adéquates (roues freinées, clés de contact dans la poche, batterie coupée, manette des gaz au ralenti) il faut ouvrir le bouchon du réservoir, puis faire tourner l’hélice (prudemment, prêt à bondir en arrière au cas où …). Il faut tourner doucement, arriver à la compression, puis attendre qu’il n’y ait plus cette “force de rappel” signifiant que tout l’air a été poussé, ainsi que l’huile vers le réservoir. Il faut entre 2 ou 3 tours d’hélice. L’erreur serait d’aller trop vite et de passer les compressions à toute vitesse, et par conséquent de ne repousser que très peu d’huile à chaque effort.

Tant que de l’huile est poussée vers le réservoir, on n’entend rien de particulier. Quand toute l’huile est passée et arrivée dans le réservoir, la pompe poussera de l’air et on entendra un bruit “glouglou”, ressemblant à un bruit de lavabo dans un vieil immeuble, quand le voisin du dessus utilise les évacuations d’eau. C’est à ce moment précis (et pas une ou deux minutes plus tard), qu’il faut mesurer la quantité d’huile sur la jauge. Le niveau doit être compris entre le mini et le maxi, c’est à dire sur la partie plate de la jauge.

Le moteur ROTAX consomme au maximum 0,06 litre par heure. Autant dire qu’actuellement sur notre moteur, on rajoute environ une ou deux fois 0,1 litre entre deux visites. Donc, si vous avez l’impression qu’il faut en rajouter 0,3 litre ou plus, c’est que vous avez certainement fait une mauvaise mesure.

Il était donc nécessaire de retirer l’excédent d’huile avant d’aller voler.

En conclusion, si lorsque vous vérifiez que le niveau d’huile est trop haut, n’allez pas voler et prévenez. S’il est trop bas, rajoutez 0,1 par 0,1 litre et à chaque fois mesurez en ayant préalablement fait tourner la pompe à huile pour avoir une mesure juste.

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