Nettoyage piqûre #0
Nos avions ont des ailes dont la forme a été minutieusement étudiée par Monsieur Délémontez pour donner le meilleur rapport portance / traînée, le tout avec un rapport résistance / masse le plus élevé possible.
Malheureusement, le fait de garder volontairement quelques dizaines de moustiques à leur surface fait diminuer ces deux rapports :
– Le premier diminue en modifiant la forme du profil de l’aile et en perturbant le flux d’air à sa surface. D’aucuns me répondront que les moustiques écrasés ne sont pas assez épais pour dépasser de la couche limite. Que nenni ! La couche limite ne concerne que les poussières dont la taille ne dépasse pas la centaine de microns.
– Le second diminue par augmentation significative de la masse de l’aéronef, ce sont des kilos de viande de moustique amassés sur les bords d’attaque à la fin de la saison.
Maintenant qu’arrive le printemps, ce magnifique être volant qu’est l’adorable moustique tigre se gave du nectar de toutes sortes de graminées autour de la Siagne ainsi que du sang de tous les touristes qui ne manquent pas de revenir, et, repus de ces délicieux mets, il vient s’écraser lamentablement sur les ailes de notre fier destrier.
Alors, nous le savons tous, tant certains pilotes sont tristes de faire un tel carnage. C’est pourquoi sans doute, ils préfèrent que leurs collègues puissent aussi rendre un dernier hommage à ces pauvres bêtes volantes en exposant leurs dépouilles, comme cela se pratique dans la plupart des civilisations ancestrales.
Malheureusement, la période de deuil des adorateurs du moustique tigre n’est que de très courte durée, et généralement elle se termine juste après l’atterrissage de notre avion. Il n’est donc pas interdit de frotter un peu l’avion que nous venons d’utiliser, au risque d’attrister les pilotes suivants.
Concrètement il est possible d’améliorer le rapport portance/traînée de nos DR400 en :
– prenant la brosse du balai sans manche près du tableau
– sortant à l’extérieur du hangar pour la mouiller copieusement au robinet
– en mouillant les le bord d’attaque de l’aile droite, puis celui de l’aile gauche (ce qui permet aux cadavres des moustiques secs de se ramollir un peu)
– en revenant à l’aile droite pour frotter avec la brosse, les moustiques partent tout seuls. Idem pour l’aile gauche.
– enfin, n’oubliez pas :
– les carénages et jambes du train principal
– le carénage et la jambe de train de la roue avant
– le capot moteur, juste sous et au-dessus du cône d’hélice
– plus rarement le bord d’attaque de la profondeur
Pour illustrer ce propos, une image et une vidéo bientôt primée au festival off de Cannes :
et la belle video :
Il est possible de frotter avec cette brosse car les poils sont accrochés dans un support en plastique qui est relativement souple.
D’autres astuces :
– utiliser un gant spécial acheté en grande surface ou centre auto (2€ = 1 minute de vol)
– sacrifier l’un de vos bas résille à larges mailles pour y enfiler une grosse éponge.
– nettoyer son avion avant de partir, ce qui rend beaucoup plus aisée le nettoyage d’après-vol.
Pour les réfractaires, ne pas nettoyer son avion après le vol a deux avantages :
1. laisser sécher la bête qui par conséquent est bien mieux accrochée à la peinture de l’aile
2. énerver le pilote suivant qui devra nettoyer ses moustiques plus celui du précédent, pour le bien de la communauté, et qui ne manquera pas d’aller voir dans Safetyplane qui lui a offert cette agréable séance de sport.
Les pilotes suivants, les mécanos, et la communauté vous en remercient !
Bien à vous, l’un des nombreux chefs-pilotes adjoints,
Michel Frère