Bien, nous avons un créneau de 3 heures. Avant, l’avion est réservé pour une leçon, après il faut aller chercher les enfants à l’école. Que faire ? Où aller ?

Aujourd’hui ce sera une destination distante de 1 h de vol au maximum, et pourquoi ne pas tenter le restau de l’aéroclub de Turin ? Ca changera de Gap ou d’Avignon sans être plus éloigné. Le PA28 est réservé, le plein est fait, le plan de vol est déposé. Décollage à 12h00, arrivée à 13h00. Le restau se trouve dans les locaux du club, il n’y a même pas à attendre le taxi.

Alors, je ne vous dirai pas que c’est un trois étoiles au Michelin, ce serait mentir. Le cadre est dans le plus pur style industriel italien, le repas est correct, sans plus, mais on mange une entrée et un plat principal pour 11 € par tête sans le vin évidemment, nous avons quand même un avion à piloter au retour.

Techniquement, le vol s’est préparé la veille au soir. En voici les étapes :

Navigation :

Au vu du temps disponible, ce sera le plus droit possible.

• Cannes, sortie EW
  

  

• Montée à 9999 ft (au-dessus il faut maintenant de l’oxygène)
• passage de la frontière à Isola 2000
• descente le long des Alpes, le Mont Viso sur la gauche
• Arrivée à None à 2000 ft
• cinq minutes plus tard vent arrière main gauche et atterrissage en 28R à Torino-Aeritalia (LIMA)

Temps de vol prévu 1h00, nous ferons le plein des réservoirs du PA28, n’étant que deux personnes à bord, les 5 heures d’autonomie seront largement suffisantes.

Les difficultés auxquelles nous devons nous attendre sont :

• la zone LI-R64-Cuneo qui s’étend de 3500 AMSL jusqu’au FL315 … Elle est souvent active et il faut soit passer au-dessous (en visant une descente forte puis les vallées vers le nord-est), soit la contourner par l’ouest, qui est la solution que nous avons privilégiée, la météo étant parfaite sur tout le trajet. Cette solution nous permettra de passer près du Mont Viso, parfaitement reconnaissable à sa forme très triangulaire, dominant les Alpes du Sud.
• la TMA de Turin : il faudra impérativement suivre les trajets et surtout les altitudes indiquées sur la carte, à savoir rejoindre la ville de NONE à 2000 ft AMSL puis prendre sensiblement une route nord vers RIVOLI puis le début de la vent arrière.

Au retour, ce sera la route inverse, alors nous serons en terrain connu.

Documentation:

cartabossy située dans les pochettes de vol

Carte de navigation : La carte utilisée sera principalement la Cartabossy (échelle 1/1.000.000) qui est à jour de 2018 et, comme tous les ans, présente dans la pochette de chaque avion. Elle permet de voyager partout en France, en Suisse, en Belgique, au Luxembourg et dans la partie frontalière de l’Italie (jusqu’à Milan) de l’Allemagne et du Royaume-Uni. Il faut s’habituer à la lire, mais elle regorge vraiment d’informations utiles aux pilotes, tout a été fait pour nous faciliter la vie en vol. Le plus déroutant au début est que les fréquences sont notées 18.62 pour la tour de Cannes par exemple. Les chiffres inutiles ont été tronqués 118.625

Carte d’approche : la carte la plus pratique pour situer les points de report à l’approche de Turin est éditée par Jeppesen. Malheureusement, il est difficile de la trouver, et il est fort possible que la version obtenue ne soit pas forcément très à jour. L’information aéronautique fait malheureusement défaut en Europe malgré le site d’Eurocontrol (voir dans les menus à droite) et il faut dire qu’en France, nous sommes particulièrement bien lotis. Voici pour illustration la carte Jeppesen trouvée par Google.

Carte VAC : là il faut utiliser le site d’Eurocontrol, sélectionner AIP Library puis le pays désiré. Et on obtient une carte assez étonnante, mais qui donne les infos essentielles sur le terrain à savoir l’orientation de la piste, l’altitude de l’aérodrome, la longueur de la piste et la fréquence de l’agent AFIS

Météorologie :

L’étude du dossier météo ne pose aucun souci, Météo France donne toutes les infos et nous aurons juste du vent de nord-ouest en altitude, pas suffisamment fort pour générer des turbulences dans le relief. Il faut souvent s’attendre à une visibilité crapoteuse dans la plaine du Pau, et en effet ils prévoient 9000 m de visi à Turin. C’est souvent ainsi et il vaut mieux en général ne pas partir trop tôt pour laisser l’humidité se dissiper. Le vent prévu à Turin est calme comme d’habitude.

NOTAM :

rien de particulier sur le trajet

Plan de vol:

Les plans aller et retour sont déposés via eurofpl.eu (ils étaient déjà enregistrés dans mon compte – gratuit pour 10 FPL – il m’a suffi de renseigner la date de départ) ce qui évite des tracas à l’étranger. L’intérêt principal de ce site par rapport à celui du SIA est que l’on peut sauvegarder tous ses plans de vol sur son compte et les déposer le moment venu d’un seul clic. Il est même possible de clôturer un plan de vol à partir du navigateur de son smartphone, dans le cas où l’on ne trouverait pas le numéro du BRIA à l’arrivée. Aucune problème ni à l’aller, ni au retour, les plans de vol ont été transmis correctement et instantanément à tous les organismes de contrôle.

 

Réalisation du vol

Le vol est assez simple. Après contact avec Cannes et Nice-Info jusqu’à la verticale d’Isola 2000, c’est Milan Info qui nous prend en charge directement en nous donnant un code transpondeur et le QNH. Puis vient la traditionnelle question du point de report suivant désiré. Nous répondons que nous souhaitons éviter la R64 en restant le long des Alpes, mais elle n’est pas active, alors le prochain point sera NONE à 2000 ft. Aucune objection et quelques minutes plus tard le contrôleur de Milan Info nous transfèrera à Torino Approach, avec qui les choses seront encore plus simples puisqu’il n’exigera rien sauf que nous changions de fréquence pour Torino Aerotalia avant de rentrer en vent arrière. Aucune difficulté, les messages sont réduits à leur plus simple expression.

Au retour, quelques infos de trafic sur la fréquence de Milan saturée, et une montée continue vers Isola pour une descente tout aussi directe vers EW à 3000 ft et une finale en 17 à Cannes.

Bilan de l’opération :

• 1h17 à l’aller (beaucoup d’attente au point d’arrêt à Cannes) et 1h03 au retour
• pas de taxe d’atterrissage à Torino Aeritalia
• 22 € le repas pour deux personnes
• Lors d’un vol précédent, nous avions payé 20 € à l’aller et 15 € au retour pour nous rendre au centre-ville à environ 20 minutes de taxi, un peu plus pittoresque que les abords de l’aérodrome.
• quelques globules rouges emmagasinés pour les dernières descentes de ski de l’hiver

Bons vols à tous, visitez l’Italie, c’est tout près et facile ! (il est bon de prévoir pas mal de carburant au départ si le chargement de l’avion le permet, car il y est très cher…)

Ci-dessous les cercles à 120NM (1h de vol environ) et 180NM (1h30) qui donnent une idée des destinations accessibles en peu de temps au départ de Cannes.